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14 juillet – SEMI-TWIST Jeffrey Poort: Short history of Jamaica and Reggae

Ce dimanche 14 juillet, à jour exceptionnel, séminaire exceptionnel! Jeffrey Poort nous fait partager sa culture et sa passion de la musique jamaïcaine. Nous reproduisons ici les planches présentées par Jeffrey. La séance était entrecoupée d’extraits musicaux illustrant les explications orales (et dansées). Quel voyage!

Histoire

Il est nécessaire de refaire un point Histoire afin de mieux comprendre dans quel contexte est née la musique si populaire qu’est devenu le reggae. Petit focus sur la Jamaïque.
En octobre 1494, Christoph Colomb accoste sur l’île de Jamaïque où vivent des tributs Arawak (renommée « Tainos » par les espagnols. Très rapidement, les européens colonisent l’île et soumettent les autochtones à l’esclavage afin d’exporter de la matière première (sucre, café, coton et or). Mais le mauvais traitement décime la population, et c’est l’arrivée des premiers esclaves noirs venu d’Afrique. Les empires européens prospèrent dans les îles des Caraïbes.

Finalement, après 15 ans de lutte pour obtenir la souveraineté de la Jamaïque, les Britanniques prennent le contrôle de l’île en 1670. Mais le départ des français et espagnols plonge la colonie dans une période de forte instabilité. Les esclaves, appelés « Marron’s » se rebelle avec acharnement, jusqu’en 1759, lorsqu’un accord est trouvé entre les parties, et le territoire Mooretown fut créé. L’esclavage fut aboli certes mais la répression était toujours très importante sur la population noire, c’est pourquoi en 1914, se développe le mouvement du panafricanisme qui prône l’émancipation de africains sur tous les aspects.
En 1930, Haile Selassie devient empereur d’Ethiopie, il est aussi le prince Tafari d’où découle le terme de « rasta » et le mouvement du rastafarisme. Il défend la culture africaine vis-à-vis de l’impérialisme de l’époque, la préserve, mais il s’agit plus d’une spiritualité et non d’une idéologie centralisée. De plus, les Etats-Unis, qui jusqu’ici exerçaient une influence tant politique, qu’économique dans la région, perde du pouvoir en partie dû à la grande crise financière.

En 1962, la Jamaïque prend son indépendance. De nouveaux partis se développent en Jamaïque, notamment le PNP (socialiste démocrate) et le JLP (travailliste), entre lesquels des rivalités vont naître. La ville de Kingston est divisée selon les régimes politiques en différents quartiers plus ou moins riches. En parallèle, la musique prend une place importante dans la société jamaïcaine et des personnes comme Bob Marley prennent la parole. Une volonté apparaît de préserver les convictions du pays, son identité, tout en restant pacifique. C’est de là, que naît le Reggae.
Ci-contre: photographie où Bob Marley réussit à rassembler les deux partis (PNP et JLP) avec une poignée de main.

Evolution musicale

L’Histoire du Reegae remonte aux années 1950 et a fait un certain cheminement, comme nous pouvons le voir sur le diagramme ci-contre. Elle commence avec la monté du Mento (1955). Il s’agit d’un courant musical qui prend ses racines dans le milieu rural de Jamaïque dans un style folk (traditionnel). Les paysans, encore marqués par l’esclavage, prenaient l’habitude de jouer de la musique à la fin de leur journée pour se changer les idées de leur condition de travail difficile. Les paroles faisaient souvent référence aux injustices sociales avec un brin de sarcasmes et d’ironie. Il est souvent comparé au Calypso, avec notamment Harry Belafonte (chanteur noir américain). Les instruments utilisés sont: guitare acoustique, banjo, flûte et maracas.

Puis en 1958, les systèmes musicaux se modernisent et se développe un nouveau style : Le Ska. Il s’agit d’un mouvement qui prend son inspiration du Jazz américain et du R&B. Les paroles sont limitées dans le style joyeux, détente et rastafari. On y retrouve la guitare, la contrebasse et le tuba. L’indépendance obtenu en 1962, propulse le Ska à l’échelle internationale avec en 1964 « My boy Lollypop » par Millis Small.

En 1966, le Rocksteady apparaît. C’est un terme venu de la chanson d’Alton Ellis « Rocksteady ».  Il s’agit d’un style lent du Ska avec un ajout de style américain, sur lequel se posent des vocalises et des paroles d’amour, « rude boy », et un peu de rastafari. Aux instruments, se rajoutent des basses électriques, guitare et instruments à vent.

Enfin, né en 1968 dans les quartiers de Kingston, apparaît le Reggae. Il s’agit d’un style avec plus de basse et beaucoup de référence rastafari. Le terme apparaît pour la première fois dans la musique « Do the Regay ». Il se popularise à l’échelle internationale avec pour représentant principal Bob Marley « No Women No Cry » et Eric Clapton « I Shot the Sheriff » en 1974. Dans les instruments, nous reconnaissons la basse et les percussions, en plus des autres instruments nommés auparavant.

Il s’agit d’une musique militante qui a non seulement touché le monde entier à l’époque mais qui reste encore très populaire actuellement. En 2018, le reggae est inscrit dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. De nombreux films ont été produits sur ce thème et sur son histoire, tels que : « This Is Ska » (1964), « The Harder They Come » (1972) et « Marley » (2012).

On peut également retrouver de nombreux albums, qu’on vous recommande ! En attendant, n’hésitez pas à réécouter la playlist fournie à bord.

Un moment rare d’échange musical, de partage de cultures, d’histoire des peuples. Merci Jeffrey!

Jean et Tifenn, au nom des étudiant·es de l’Université Flottante

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