Accueil · 18 juillet – SEMI-TWIST Lucile Mauclair: Histoire des prélèvements par carottage

18 juillet – SEMI-TWIST Lucile Mauclair: Histoire des prélèvements par carottage

Lucile Mauclair, « sédentaire » chez Genavir depuis novembre 2023, est venue nous présenter lors de ce semi-twist la technique du carottage et les différentes méthodes et outils qui sont employés. Pendant ce Leg 2 de la campagne HAITI-TWIST, elle est elle la responsable du carottage, du matériel, de son entretien et de sa mise en œuvre du carottier.

Pour commencer, Lucile nous a présenté son parcours: elle s’est formée à Intechmer (Institut national des sciences et techniques de la mer) au CNAM de 2010 à 2013 en Génie de l’environnement marin. Elle a ensuite pu faire un stage, qui s’est poursuivie en CDD, dans le laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) à Paris-Saclay, où elle a travaillé sur les foraminifères. Elle a ensuite passé son certificat de matelot de pont et capitaine 200, à Cherbourg, et a fait 5 ans de pêche avant d’être recrutée chez Genavir en tant que matelot pendant 1 an, puis à la blue-box en tant que sédentaire dans l’unité de carottage.

Le carottage est une méthode de prélèvement des sédiments non destructive, contrairement au forage. Elle permet de préserver l’information enregistrée dans les couches sédimentaires, pouvant remonter sur des centaines de milliers d’années et parfois jusqu’à 1 million d’années.

Il existe différents outils de carottage. Les multitubes, comme l’Octopus Abyss (12 tubes) et Fantacore (4 tubes), sont des outils qui permettent de prélever plusieurs fois quelques centimètres de sédiment pour observer la variation latérale des sédiments. Sur certains, une caméra a été installée pour pouvoir observer l’opération et analyser la localisation précise du point de prélèvement.

Il existe aussi des outils dits de ‘roche’ permettant de prélever du matériel plus dur. Par exemple, le Cnexoville est un carottier gravitaire qui poinçonne la roche sur quelques centimètres. Pour remonter les échantillons de roche, ce carottier ne se referme pas avec un système de pétale comme beaucoup de carottiers: le treuil est fixé à la base du carottier et lorsque ce dernier commence à remonter, il se retourne et remonte la tête en haut, ce qui permet de conserver les échantillons dans l’ogive.

Ce type de carottier est assez petit et peut être embarqué à la fois sur de gros bateaux comme le N/O Pourquoi Pas ?, mais aussi sur des navires côtiers comme le N/O Côtes de la manche, sur lequel Maïwen a pu embarquer avec le Cnexoville en Normandie pour la mission Emecha2.

Les carottiers-bennes sont des instruments permettant la collecte d’échantillons de surface sur une surface de 50 cm par 1 m. Ils sont très souvent utilisés par les biologistes, pour la récupération de coraux, mais également en géosciences, récemment avec la collecte de nodules.

Les carottiers gravitaires tubulaires peuvent échantillonner les sédiments de 3 à 15 m de profondeur. Ce type de carottier s’enfonce par son propre poids dans le sédiment et permet de récupérer une bonne longueur de sédiment. Avec la longueur du tube, il peut y avoir un effet de distorsion qui va perturber les sédiments collectés.

Pour éviter cette déformation mais surtout pour faciliter la pénétration dans le sédiment, on utilise le carottage à piston. Ce type d’outil a été inventé à la fin de années 1940 par un Suédois (B. Küllenberg): il utilise le principe d’un système de seringue inversé. Le piston (en rouge) reste au niveau du fond.

Le système de contre-poids (messager) permet une chute libre du carottier près du fond. Il permet d’avoir des carottes atteignant 75 m de longueur (record du monde par le carottier Calypso II qui équipe le navire Marion Dufresne).

Lors de la campagne HAITI-TWIST, ont été utilisés le carottier gravitaire (avec des lances ou tubes de moins de 10 m) et le carottier Calypso (avec des lances allant jusqu’à 20 m).

A l’avenir, plusieurs évolutions sont prévues (câbles textiles, plus faciles à régler, et déclenchement acoustique permettant de se passer du contre-poids), visant à améliorer encore ce système de prélèvement, qui est d’ores et déjà le plus performant au monde.

Cet exposé nous a permis de comprendre l’importance de l’instrumentation mise en oeuvre sur les navires océanographiques pour parvenir à prélever des sédiments à grande profondeur sous les mers. Ces archives sédimentaires peuvent ainsi nous livrer des secrets conservés sur des milliers, des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers d’année. Le Flotte française est équipée des meilleurs carottiers au monde et possède un savoir-faire unique pour leur mise en oeuvre et pour permettre de les rendre encore plus performants.

Mina & Maïwen, au nom des étudiant·es de l’Université Flottante

Retour à la page des séminaires SEMI-TWIST