JOURS 12 – 14 : Atoll en vue !
Lundi 10 juin à Mercredi 12 juin
Pour débuter cette nouvelle semaine, une opération de carottage a eu lieu ce matin vers 9h, il s’agit de la carotte MD24-3684. Celle-ci a été collectée à 2 915 m de profondeur d’eau. L’objectif pour cette carotte est d’échantillonner les bassins sédimentaires identifiés sur les profils sismiques en contrebas du mont sous-marin découvert ce weekend. Sur les données de sismique rapide, ceux-ci se caractérisent par des paléo-structures aujourd’hui enfouies à bases érosives, comblées par des unités de remplissage au faciès lité, et de forte amplitude. La carotte nous permettra d’en savoir un peu plus sur l’âge de formation de ces bassins et postérieurement quand ceux-ci ont été comblés, au regard de l’édifice volcanique à proximité.
La carotte est remontée en fin de matinée. Sur les 15 m de tube acier, 8 m de sédiments ont pu être remontés. Place à la découpe !
Nous pouvons remettre le dispositif sismique à l’eau pour reprendre les acquisitions.
La poursuite de l’acquisition sismique nous amène au prochain point de carottage MD26-3685 le lendemain, mardi 11 juin vers 18h. Celle-ci a pu collecter 31.8 m de sédiments sur 33 m de tube à 3 055 m de profondeur. Dans des conditions météorologiques encore agitées et une houle encore bien formée, l’opération de remise à bord du carottier s’est malheureusement terminée par un accident sur le pont arrière du navire. Un marin fut blessé. Face à cet incident, l’équipe pont a très vite réagi, supporté par Thomas le Médecin du bord qui a pu se rendre sur les lieux immédiatement et lancer les soins. Nous avons été impressionnés par l’organisation à bord, la réactivité et l’investissement de chacun dans une situation pareille, et pris conscience qu’un hôpital avait tout à fait sa place à bord d’un navire.
Le Médecin se met en relation avec le service de Purpan à Toulouse, un service médical spécialisé pour les marins isolés et en mer. Ce service permet le suivi du dossier, et de faciliter les prises de décisions concernant le patient. En attente de toute décision, le marin a été pris en charge à l’hôpital et peut désormais se reposer…
Après toutes ces émotions, le mercredi 12 au matin a été marqué par le passage du navire au plus proche de l’atoll de Bassas da India à l’aube pendant les acquisitions sismiques. A 7h du matin, l’équipe scientifique s’est ainsi donné rendez-vous sur la passerelle supérieure afin d’admirer le spectacle. Progressivement, nous apercevons au loin d’abord les vagues qui déferlent sur les hauts fonds, puis commence à se dessiner un grand halo bleu, perdu au milieu de l’océan. Malgré une mer agitée et la marée haute, nous étions très heureux de pouvoir observer ce spectacle, et ses nuances de bleu turquoise au bleu marine.
Bassas da India émerge seulement à marée basse. Elle est constituée d’un récif madréporique annulaire d’environ 10,5 km de diamètre et dont la superficie émergente à marée basse n’excède pas les 1 km2 ! Ce récif corallien est assez isolé et les conditions d’accès difficiles rendent les expéditions assez rares et complexes. Un inventaire à tout de même recensé plus de 300 espèces marines, dont une dizaine de requins. Son histoire est aussi assez incroyable, étant donné son emplacement en plein milieu de la route des Indes, de nombreux navires se sont échoués, on n’y dénombre pas moins de 40 épaves !
En début d’après-midi, André W. Droxler nous a fait l’honneur de nous présenter un thème qui lui tenait à cœur lors du 8e SEZAM’inaire de la mission. Son sujet portait sur « Le point chaud de La Réunion, sa trace et son influence sur l’évolution de la plateforme carbonatée des Maldives et de ses atolls modernes ».
En 1987, des scientifiques ont étudié l’évolution du point chaud de La Réunion à bord du JOIDES Resolution, durant la mission ODP Leg 115. Ils ont foré à différents endroits pour analyser les traces géologiques de ce hot spot.
André aborde l’origine des atolls, avec l’exemple des Maldives. Il nous explique que le terme « atoll » désigne un anneau d’îles ou de récifs entourant un lagon. Cette zone a été largement cartographiée par les compagnies pétrolières lors de leurs expéditions d’exploration.
De plus, nous avons pris connaissance de la publication de Charles Darwin sur la formation et la structuration des atolls. Pour son époque, Darwin avait déjà une idée assez claire de la formation et de la distribution de ces systèmes.
Des passagers clandestins se sont joints à nous sur le Marion Dufresne. Des fous à pieds rouges se sont posés sur le mât de la plage avant. Ne les ayant pas encore observé d’aussi près, nous en avons profité pour les prendre en photo :
A 18h30, le pot de départ du charpentier de bord, Baba. Il vit son dernier embarquement, c’est un moment émouvant pour tous les membres de l’équipage. En effet, il a passé une trentaine d’années à servir sur le Marion Dufresne, ce qui représente 8 à 9 mois par an ! Comme il l’a évoqué, le Marion est une grande famille, et il va désormais retourner sur Madagascar. Nous lui souhaitons le meilleur pour cette nouvelle vie de terrien !
Autre nouvelle de la plus haute importance, le tournoi de badminton organisé par l’Université Flottante est déclaré ouvert, les matchs commenceront dès que possible, quand les premiers participants se seront mis d’accord pour s’affronter… mais d’abord, on attend que la mer s’assagisse un peu…
Corentine RIBBE, Elyna CLEMENT, Hector SWERTVAEGHER, Noé BROSSAMAIN
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