Lors du quart « 4-8 », nous avons pu travailler sur les deux dernières sections de la carotte 3 (prlv : 12/07, 1,50m). Mais il y a eu une perte lors de l’extraction de deux tronçons (3 et 4). La question se pose donc : « comment va-t-on pouvoir faire des corrélations fiables ? ». Cela étant dit, les dernières sections que nous vous présentons ici, sont très intéressantes et présentent quelques structures particulières.
La première section (S05/6) a été difficile à la découpe et au surfaçage, cela s’explique par les faciès qu’elle présente. En effet, elle est composée d’une alternance entre sédiments fins, argileux et niveaux sableux (granulométrie grossière). Nous trouvons une première séquence sable-argile-sable (~20 cm), relativement molle et avec des contacts francs entre les niveaux. Puis l’on passe sur un niveau avec une grano-croissance passant des argiles aux sables avec un contact très franc (surface d’érosion) sur un niveau argileux, plus clair, très dur. Il pourrait s’agir d’un niveau beaucoup plus ancien, donc plus induré, ou consolidé par un séisme (principe vibro-compactant). A la suite de quoi nous trouvons un niveau sableux en contact très flou avec des argiles à la base. Les contacts très flous pourraient s’expliquer par une origine exogène du système (turbidites) par exemple.
La seconde et dernière section (S06/6) est aussi très intéressante. D’un point de vue de la séquence, on observe un faciès argileux au sommet passant sur un niveau plus grossier (sableux) à la base. Le contact entre ces deux niveaux est caractérisé par une convolute : on pense qu’il pourrait s’agir d’une sortie de fluide. En effet, les fluides en profondeur, par le différentiel de pression, déforment les sédiments lors de leur remontée. Il est possible de vérifier cela par de l’imagerie (des cheminées sont-elles visibles ?), sur des profils sismiques (d’autres niveaux présentent-ils ce type de déformation ?). Cela peut également être simplement du au « pistonnage » de la carotte (déformation induite par l’effet d’aspiration du piston)
L’après-midi, nous avons réceptionné les premiers prélèvements de surface effectué avec les multitubes. Il s’agit d’une grappe sur laquelle on trouve 12 tubes (ou 8) transparents qui vont récupérer du sédiment non induré et de surface. Ici, seul 5 tubes devaient être récupérés, mais lors de la remontée, l’un s’est vidé. Par la suite, nous avons récupéré le sédiment dans des sac plastiques. En effet, les variations latérales (strates, structures) ne nous intéressent pas ici réellement mais nous nous concentrons plutôt sur la géochimie (ex : XRF, taux de métaux, etc…).
A 20h, nous sommes descendues au pont 3, pour refaire des mesures avec le spectrophotomètre. En regardant les résultats obtenus des analyses des jours précédents, Angélique s’est rendu compte que pour certaines sections, les valeurs divergeaient brusquement. Ces anomalies ne semblaient pas naturelles ; aussi, pour éviter toute erreur, nous avons donc repassé au « spectro » les 2 sections qui montraient ce « shift » (décalage) dans la continuité des valeurs.
Pendant nos analyses, les équipes scientifiques ont remis à l’eau le carottier multitube (12 tubes identiques). Par gravité, les tubes vont s’enfoncer dans le sédiment et récupérer les premiers centimètres. Il permet d’analyser la variation latérale des dépôts sédimentaires et de préserver les dépôts les plus récents.
Puis Yamirka Rojas nous a montré la séparation des métaux lourds qui vont pouvoir être datés par la suite. Elle a passé au pan (une battée) les échantillons des sommets des carottes. La technique du pan est une méthode ancestrale utilisée par les Indiens et les amérindiens lors de la recherche d’or dans les rivières. Ici c’est à l’eau du robinet que l’on sépare les sédiments plus légers (moins denses) de la partie lourde. Après il ne reste dans le « panni » que la partie très sombre. On est allé la regarder à la loupe binoculaire, c’était magnifique ! Il y avait du zircon avec une forme anguleuse. La présence de zircon va pouvoir permettre de dater ces sédiments, et le fait qu’ils soient anguleux montre qu’ils ont une provenance proche de la zone du carottage.
L’objectif de Yamirka lors de cette manip est de trouver la provenance des sédiments. Il y a plusieurs possibilités : soit ces sédiments proviennent de l’érosion de l’île d’Hispaniola (Haïti), soit de l’île de Cuba, ou alors peut-être aussi de la côte des Etats-Unis. Les âges des roches les plus récentes de Haïti et Cuba sont très bien connues par Yamirka qui y a beaucoup travaillé: elle va donc pouvoir faire des corrélations avec les âges qu’elle mesurera en rentrant en Allemagne sur ces métaux lourds. Lors de la séparation des différentes phases, elle a pu récupérer la fraction légère. A la loupe binoculaire, nous avons pu y observer des foraminifères. On a identifié des Globorotalia menardii, qui sont des foraminifères planctoniques que l’on retrouve essentiellement en milieu tropical, mais également des Globigerina ruber, qui sont des foraminifères roses appartenant uniquement à une courte période géologique. L’identification de ces foraminifères permet donc de dater par biostratigraphie ce sédiment mais également de le placer dans un environnement de dépôt précis.
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