Plusieurs chercheurs du laboratoire d’océanographie physique et spatiale (LOPS), et en particulier Anne Marie Treguier et Fabrice Arhuin, ont eu la chance de côtoyer Sukuyro Manabe et Klaus Hasselman. Ils nous font part de leur grande satisfaction de voir les sciences de l’océan et du climat ainsi récompensées.
Anne Marie Treguier rappelle que Syukuro Manabe est l’un des auteurs du premier rapport du GIEC en 1990. Il a été le pionnier de la simulation du climat de la planète sur ordinateur, dans toute sa complexité. Dès les années soixante, Syukuro Manabe a su utiliser son modèle pour comprendre les mécanismes du changement climatique, par exemple les interactions entre le réchauffement et le cycle hydrologique à l’échelle de la planète. Les « simulateurs de climat » utilisés par le GIEC pour les projections climatiques sont les héritiers du premier « simulateur » créé par Syukuro Manabe et ses collaborateurs à Princeton à la fin des années soixante.
C’est avec ces modèles/simulateurs de climat que l’on étudie l’évolution de notre climat, en fonction de la quantité de combustible fossile que les hommes sont susceptibles d’émettre dans l’atmosphère dans les prochaines décennies.
Les travaux de Klaus Hasselman, eux, ont permis d’attribuer le réchauffement observé à l’influence humaine, en utilisant – entre autres – les résultats de Suki Manabe. Klaus Hasselman est un physicien théoricien qui est arrivé à la géophysique via les vagues et les interactions entre océan et atmosphère, déclare Fabrice Ardhuin.
Le prix lui est attribué car il a montré que le changement climatique était en train de se produire, ce qui n’était pas facile au début des années 1990 car le signal était faible et il fallait accumuler des observations sur des années et faire un traitement très poussé.
Aujourd’hui, un seul jour de mesures sur l’ensemble du globe suffit à montrer que la température de l’atmosphère est fortement impactée par le changement climatique. Ce qui est une évidence aujourd’hui était caché il y a 30 ans.
Klaus Hasselmann a travaillé par ailleurs sur de nombreuses questions scientifiques et il a été un formidable organisateur de la science : organisateur de campagnes internationales de mesures à la mer, fondateur et directeur du Max Planck Institut fur Meteorologie de Hambourg, où a été développé un des premiers modèles de projection du climat, promoteur passionné des satellites ERS-1 et ERS-2 de l’ESA, lancés en 1991 et 1995.
Une partie du traitement et des analyses était réalisé à l’Ifremer à Brest, initiateur des méthodes actuelles de prévision de la météorologie marine, avec la mise en place d’un système opérationnel de prévision des vagues qui modifie la friction du vent sur les océans pour la prévision météo.
Ces deux derniers projets et leurs améliorations via de nouveaux satellites et de nouveaux modèles continuent de faire l’objet de travaux au LOPS.