La scientifique Jozée Sarrazin du Laboratoire Environnement Profond de l’Ifremer et les artistes de Teatr Piba se sont associés pour proposer aux étudiants de la communauté ISblue un atelier innovant « embarqué » sur l’île de Ouessant le temps d’un week-end.
Cet atelier a rassemblé 9 étudiants d’horizons, d’écoles et de niveaux variés (UBO, UBS, ENIB, ENSTA Bretagne) du périmètre des formations ISblue. Le travail s’est construit autour d’une réflexion sur le thème de la résilience et d’un exposé scientifique sur les écosystèmes marins profonds.
Prenant des formes diverses, les projets associant « arts & sciences » ont pour objectifs communs non seulement de partager les approches mais aussi d’en dépasser les limites et pourquoi pas, de créer de nouveaux objets de communication et d’expérimentation. L’engouement du public et des milieux culturels et scientifiques pour les spectacles Spluj et Donvor, issus d’une collaboration au long cours entre la compagnie de théâtre « Teatr PIBA » et des chercheurs du laboratoire « Environnement Profond » de l’Ifremer, a confirmé l’impact majeur que ces approches transdisciplinaires peuvent avoir sur la communication du savoir et la sensibilisation à des problématiques environnementales souvent complexes.
Découvrez la vidéo de cette aventure scientifique et artistique :
Après l’accueil au Centre d’Étude du Milieu de Ouessant (CEMO), l’atelier a débuté avec un tour de table de présentation et d’échanges autour du concept de résilience en général et celle des écosystèmes en particulier. Cette séance s’est révélée extrêmement riche et interactive, témoignant de l’implication et de l’envie de tous les participants. La soirée s’est poursuivie avec l’exposé scientifique de Jozée Sarrazin, chercheure en écologie benthique, sur le thème : Écosystèmes marins profonds : enjeux de l’exploitation, capacité de résilience et alternatives.
La journée du samedi s’est amorcée avec une mise en mouvement animée par la comédienne Charlotte Heilmann, histoire de mieux se connaître et de briser la glace.
Ce travail théâtral est crucial pour la thématique « art et science », mais également fondateur pour favoriser la cohésion du groupe et la créativité. Pour chaque stagiaire, l’objectif pédagogique était de s’approprier et de transférer les techniques du jeu d’acteur pour :
Thomas Cloarec (directeur artistique de Teatr PIBA) a pris le relai avec un atelier d’écriture où plusieurs exercices ont permis à chaque étudiant de produire et de partager ses textes. A partir de leurs affinités et de ce qu’ils avaient envie de communiquer, les étudiants ont ensuite été invités à créer des trios (3×3) et au cours d’une déambulation sur l’île de Ouessant, de réfléchir à la forme qu’allait prendre leur restitution.
Comme le son avait conquis tout le monde, Gwenolé Peaudecerf (ingénieur son de Teatr PIBA), a donné une courte formation sur les outils, la captation et le montage.
Le samedi après-midi a été consacré à l’élaboration du projet de restitution, incluant la rédaction des textes, la prise de sons et d’images et la réalisation d’entretiens avec les intervenants.
L’ensemble de l’équipe pédagogique était à la disposition des étudiants pour alimenter et faire progresser ce travail. Une première ébauche des projets a été effectuée en début de soirée samedi, permettant à chacun de commenter, questionner et alimenter le travail des autres.
Cette longue journée s’est clôturée par un repas gastronomique, élaboré par le cuisinier/photographe Sébastien Durand. Les étudiants ont, paraît-il, profité d’une partie de la nuit pour avancer leur création.
La dernière étape de cet atelier embarqué a constitué un moment intense pour tous les participants : la présentation des formes artistiques de chaque groupe. Les 3 groupes ont proposé des formes engagées et riches sur le thème de la résilience, en choisissant des axes originaux.
R.E.S.I.L.I.E.N.C.E – Une performance scénique chorégraphiée, couplée à un montage sonore d’enregistrements effectués pendant le stage (spectateurs sous casques) par Noémie Barcat, en licence de biologie (UBS), Angèle Nicolas, en master 1 de chimie de l’environnement marin (UBO) et Irène Mopin, doctorante (ENSTA Bretagne).
Retour d’expérience du groupe 1 : « Nous avons énormément aimé travailler sur ce projet, et notamment échanger avec les différents intervenants. Les discussions ont toujours été passionnantes et pertinentes. Les moments techniques et de prise de sons ont été aussi pour certaines d’entre nous une découverte très enrichissante. La performance scénique était aussi un moment hors de notre zone de confort, qui nous a appris sur nous même, notre corps, et le rapport aux autres (public). »
La Petite Crevette Rose – Un conte pour enfant performé au micro (spectateurs sous casques), ponctué d’effets sonores et visant à vulgariser la thématique des écosystèmes profonds par Jimmy Reynes (ENIB), Hineiti Hatitio (ENIB) et Aksel Koc (UBS).
Retour d’expérience du groupe 2 : « Nous étions tous intéressés par le concept de vulgarisation, Hineiti et Jimmy étant d’ailleurs en période de césure pour mettre au point un jeu de plateau connecté pour sensibiliser les jeunes aux enjeux maritimes insulaires. Le fait de discuter à ce sujet en plein air, en contact avec la nature, a également favorisé notre inspiration, et nous avons finalement décidé que nous ferions un conte immersif inspiré du Petit Chaperon Rouge. »
Ti ELIZ IZA – Une forme narrative illustrée de photos prises pendant l’atelier, accompagné d’un montage musical par Benjamin Dudouet en Master 2 économie appliquée : agriculture, mer et environnement (UBO), Ewen Jegouzo (ENIB) et Sarah Lesne, Master 2 ingénierie et gestion des ressources côtières et littorales (UBO).
Retour d’expérience du groupe 3 : « Ce séjour à Ouessant nous a permis de découvrir comment nous pouvions inclure notre démarche scientifique dans une œuvre artistique. De plus, nous avons pu nous lancer dans un projet en partant d’une simple idée, avec pour objectif de le mener à bout en 24H. Nous sommes sortis de notre zone de confort en explorant des formats qui ne nous sont pas habituels. Ainsi nous avons enregistré et manipulé le son, mais aussi la mise en scène et l’utilisation de nos textes. Autant de compétences qui nous seront précieuses à l’avenir et que nous allons maintenant pouvoir approfondir. »
Chacune des 3 créations était accompagnée d’une bande son originale, créée et montée par les étudiants à partir de sons captés localement par chaque équipe. L’atelier a suscité un grand enthousiasme de la part des étudiants qui se sont donnés à fond ! Vous pourrez peut-être assister à ces présentations lors des journées ISblue en février prochain.