À la fin des quarts de nuit, nous avons pu profiter du lever du soleil avant d’aller nous coucher pour ensuite commencer une nouvelle journée.
Celle-ci a débuté par une réunion « université flottante » afin de faire un point sur l’avancée des projets tel que le blog, l’organisation des séminaires, la mise en place du compte Instagram et le trombinoscope. Par la suite, nous avons eu l’occasion d’assister à une formation concernant la photographie des carottes sédimentaires, étape-clé dans l’étude de ces dernières.
Aux alentours de 13h, la boîte bathymétrique commencée 12 heures auparavant s’est achevée et le carottage a été lancé: la première carotte a été effectuée à 37 km au nord-ouest des côtes haïtiennes. Cependant, cette opération est délicate et peut connaître des complications, comme cela a été le cas ici : la tête de carotte a été perdue. Cela a pour conséquence la diminution de la taille de la carotte, en effet celle-ci mesure moins de 2 mètres. Jean et Alex ont participé à l’ouverture de la carotte. Une fois celle-ci sortie de l’eau, il faut la mesurer et la découper en sections de 1 m.
La manutention du carottier, de sa descente jusqu’à sa remontée, est entièrement gérée par l’équipage Genavir. La carotte est contenue dans la lance en métal à l’intérieur de laquelle se trouve un tube en PVC d’une épaisseur d’un cm. L’équipage extrait le tube et le remet, sur des chariots, à l’équipe scientifique attendant plus en retrait sur le pont. Le rôle de ces chariots consiste à soutenir le tube en hauteur afin de faciliter sa découpe : ils sont disposés régulièrement sur sa longueur pour que la carotte ne plie pas ou ne se scinde pas si les joints des différentes portions sont sous tension.
Commence alors la première découpe de cette campagne à laquelle Jean et Alex ont pu participer. La carotte était donc courte, 1,80 m sur 8 m attendus. La cause était probablement l’utilisation d’un carottier de type gravitaire (donc sans piston) sur un sol assez induré, ce qui, malgré les prévisions, n’a pas suffi à permettre un enfoncement suffisant. Mais bon, comme les crêpes, la première n’est pas toujours réussie. Les portions vides de PVC ont pu servir d’entraînement à la découpe. A l’aide d’un Coupe-Tube, que l’on dispose bien perpendiculairement à l’axe de la carotte, on scie petit à petit le tube en tronçons de 1 mètre.
Sur chaque section de carotte est notée rigoureusement la référence de celle-ci. On marque l’acronyme choisi pour la mission (TWI), le nom du carottier si besoin, le numéro de la carotte, le bas et le haut et on sépare longitudinalement les tronçons en deux:
– une partie notée W pour « Work », systématiquement et mémo-techniquement du côté de l’eau « Water », servira à l’analyse et sera analysée. Une autre moitié notée A, pour « Archive », qui ne sera utilisée que pour la description puis archivée, restera intacte afin de servir de référence. La séparation de ces deux moitiés ne se fera que plus tard lors de l’ouverture. Notre dernière contribution fut pour les mesures géotechniques. On utilise les tranches fraîches des carottes, côté W de préférence, que l’on essaye d’endommager le moins possible cependant. On mesure la résistance du sédiment à la compression grâce à un compressiomètre et au cisaillement avec un scissomètre.
Dans le même temps, le premier sismomètre de fond de mer (OBS) de la campagne, monté sur son lest métallique, a été mis à l’eau (photo). C’est un système d’écoute passive qui restera plusieurs mois sur le fond de mer pour enregistrer les ondes provenant de séismes de faible magnitude, mais aussi capable d’enregistrer les ondes provenant de séismes lointains (téléséismes) de plus forte magnitude. Cet instrument est décrit dans la rubrique des outils-clés de la campagne HAITI-TWIST (voir la page dédiée aux OBS).
En fin d’après-midi, à 17h, le premier séminaire a eu lieu. Il a été présenté par Sylvie LEROY, Directrice de recherche au CNRS, sur le thème de l’exploration de la frontière Nord-Caraïbes de 1985 à nos jours.
Après le dîner, les quarts du soir ont commencé : dans un premier temps, nous avons assuré le suivi de la remontée de la cage métallique de l’OBS mis à l’eau un peu plus tôt dans la journée. Il y a eu également le déploiement d’un POGO (appareil de type carottier mesurant le flux de chaleur) avec le suivi de la descente/remontée de l’appareil dans la colonne d’eau et de l’ouverture d’une nouvelle boîte bathymétrique.
Enfin, lors du dernier quart, les premières manipulations sur les carottes ont commencé. La première étape est l’extraction de fluides : 3 sont nécessaires pour l’étude de la matière organique et l’alcalinité. C’est un processus très long qui prend plusieurs heures et qui se termine finalement le lendemain (voir les informations du Jour 5).