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Jours 6-7: Nouvelle carotte prélevée et analysée dans le bassin du passage du Vent

Jeudi 11 juillet

La journée commence par le quart « 0-4 » pendant lequel Lucie et Mina ont suivi les opérations d’analyse de flux de chaleur avec le déploiement des « pogos » (mesures répétées de conductivité thermique dans les sédiments avec le carottier). Elles ont également traité les données de résistance à la compression et au cisaillement du sédiment afin de comparer les deux premières carottes.

Lors du quart « 4-8 », Tifenn a pu se former à l’ouverture de la première carotte. En effet, rappelons-le, le premier prélèvement (1,80 m) était en étape d’extraction des fluides qui a pris beaucoup de temps. Une fois cela effectué, les opérations ont pu commencer. Dans un premier temps, il a fallu s’équiper d’un masque afin d’éviter les projections de sédiments et du risque potentiel d’amiante. On place d’abord la carotte sur un rail et contre un butoir. La machine est constituée d’une scie circulaire qui coupe le tube de PVC dans son épaisseur. Un cutter est utilisé pour affiner le travail au plus près, sans pour autant entailler le sédiment. La première carotte permet d’effectuer les réglages qui seront ensuite conservés pour la suite de la mission. Quant au placement de la carotte, la médiane séparant la partie « travail » et « archive » doit être alignée aux scies circulaires et aussi à l’aide du cutter. Puis la machine est mise en route et le travail de découpe dans le sens de la longueur se fait seul. On doit cependant rester attentif à ce que les réglages soient finalement bien adaptés.
Un fois le tube de PVC coupé, nous récupérons la carotte. Il faut ensuite couper les bouchons en plastique, toujours sur la médiane, à la scie manuelle et les bouchons en mousse avec le cutter. Puis, nous passons un fil en nylon sur la largeur de la carotte que l’on tire le long de la carotte (comme on l’utiliserait pour du fromage). Vient l’opération de séparation des deux demi-carottes : c’est délicat car lorsque le sédiment est très humide et fin (comme l’argile), il a tendance à exercer un effet de succion malgré le passage de la scie. Dans ce cas, il faut trouver une solution, soit en portant des coups légers sur le PVC, soit en utilisant une spatule.

Une fois séparée, on passe au « surfaçage » des deux moitiés de la carotte. Cela consiste à passer une spatule sur la largeur de la carotte et tout du long, ceci afin de faire mieux apparaître (mettre bien à plat) les structures visibles et atténuer les surbrillances du sédiment humide. On prend également les mensurations du tronçon.

Puis on passe à la photographie. Un système d’appareil photo suspendu a été mis en place avec des réglages de luminosité bien précis afin d’obtenir une image claire et fidèle à la réalité. A la suite de quoi, nous passons à la description de l’archive. La partie « travail » est plastifiée et rangée afin d’effectuer la suite des opérations plus tard (dans la nuit).
Ensuite, une nouvelle carotte « Calypso » (avec piston) a été réalisée, la troisième de la série, nommée TWI-CS03. Cependant, l’opération a rencontré des difficultés. En effet, la carotte a été flambée, c’est à dire qu’elle a été courbée durant le carottage, ce qui rend une partie de la carotte inutilisable.
Le reste de la journée fut relativement calme, l’équipe scientifique réfléchissant à la suite des objectifs de la mission et aux nouveaux prélèvements potentiels.

Vendredi 12 juillet

Lors du quart 4-8h, l’équipe carotte s’est retrouvée en cafétéria pour prendre le petit déjeuner et être prête à commencer la journée. Le rythme des quarts est en ce moment très dépendant de l’avancement des carottes (arrivée sur zone, mise à l’eau, descente, carottage, puis remontée et extraction de la carotte). Tifenn a repris l’ouverture de la deuxième carotte (10/07, 10,12m) sur les sections 2 et 3 en autonomie et a repris le même protocole (découpe, séparation, surfaçage, photographie). Ça a aussi été l’occasion de se former à la spectrophotométrie. Cela consiste à placer un décamètre sur la longueur de la carotte et à effectuer une mesure au spectromètre tous les centimètres. Le but est de mesurer la capacité d’absorbance à la lumière par la matière, ici, la couleur de la carotte. C’est une étape qui demande de la patience, plus agréable à deux !

Au petit déjeuner, le chef de mission nous alerte: l’éclairage de la côte au soleil levant permet d’apercevoir de belles terrasses marines (au moins 6) situées au-dessus de la ligne de rivage actuelle. Ces terrasses étagées témoignent du soulèvement côtier de l’île, très probablement d’origine tectonique. Le hasard a voulu qu’aujourd’hui le séminaire traite de ces mêmes terrasses avec le « SEMI-TWIST » de Santiana Vissière concernant le soulèvement de celles-ci.

Vers 18h, à l’invitation du commandant, un barbecue convivial permet de rassembler les équipes scientifiques et les marins. Les quarts ne se sont pas arrêtés pour autant, et au pont 3 les dernières sections nous attendaient pour l’ouverture.

De 20h à 00h, nous nous sommes occupés de la découpe du dernier tronçon de la carotte 3 (CS03-03), puis des tronçons 7 et 8 (CS02-07 et CS02-08) de la deuxième carotte. Les ‘Archives’ sont ensuite passées sous l’appareil photo de Christian, puis avec l’aide d’Alex, la description des différentes sections a commencé. Pour cela, est utilisée la charte de colorimétrie qui donne un code à la couleur du sédiment, et on décrit la granulométrie et la minéralogie section par section. Le tronçon CS03-03 était une homogénite, un tronçon avec une sédimentation homogène (donc rapide à décrire), fine, témoignant de dépôt de lessivage et de panaches de courants de turbidité. On a également pu observer de petits foraminifères à la loupe binoculaire.

Pendant ce temps-là, Claire et Maïwen ont fait la spectrométrie sur les sections ‘travail’. Les mesures de spectrométrie sont prises tous les centimètres. C’est une « manip » qui peut prendre du temps, mais à deux on apprend a mieux se connaître. Ces discussions sont souvent très intéressantes et nous permettent d’échanger sur nos disciplines respectives (Géologie et Biologie), c’est passionnant !

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