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Jour 8 : Début des visites du Marion Dufresne !

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Les acquisitions de sismique réflexion se poursuivent dans le Canal du Mozambique ; Aucune carotte n’est prévue ce 6 juin. Les conditions de mer restent clémentes, avec en prime un beau lever de soleil (Fig. 1).

Figure 1 : Lever de soleil du 06 juin à bord du Marion Dufresne

Aujourd’hui, dans le cadre de l’Université Flottante, le Commandant nous a gentiment proposé de visiter le navire dans ses moindres recoins. Nous nous sommes donc laissés guidés et nous souhaitions vous partager cette expérience…

  • La passerelle :

Nous commençons notre exploration du côté de la passerelle (Fig. 2). Lieu emblématique du navire, réservé aux personnels de quart LDA, la passerelle se situe sur les ponts supérieurs du bâtiment, au pont H. Elle est le point central pour tout ce qui se rattache à la navigation du navire, mais c’est également là où convergent toutes les informations liées à l’opérationnel, et au bloc machine. Il faut imaginer une grande plateforme vitrée permettant d’avoir une visibilité suffisamment grande pour les observations et surveillance à la mer. La lumière y est basse, l’atmosphère calme, où plane une certaine concentration et où le silence est de rigueur. Dès notre entrée, nous sommes fascinés par les multitudes de boutons, manettes, écrans, compas de relèvement, ou autres instruments qui attisent notre curiosité…

Figure 2 : L’Université Flottante à la passerelle du Marion Dufresne
Console DP (Dynamic Positionning System) déportée à tribord
Compas gyroscopique donnant le cap du navire

Un premier tableau de contrôle, centré sur la passerelle, permet de visualiser en temps réel l’ensemble des instruments de navigation. Celui-ci est dédié à la localisation du navire (sonar, cartes numériques), ainsi qu’aux commandes (gouvernails, et puissance moteur). C’est également là que siège la fameuse table à carte, avec compas, règle Cras et carte marine de la zone d’étude.  

Le gyroscope donne le cap. Il donne l’occasion de ré-aborder rapidement la problématique du biais existant entre le Nord magnétique et le Nord géographique, liée au phénomène de déclinaison magnétique :

La déclinaison magnétique, petit rappel :


L’axe de rotation de la Terre définit les pôles géographiques tandis que l’axe du champ magnétique terrestre définit les pôles magnétiques. Ces deux axes ne coïncident pas (Fig. 4). La déclinaison magnétique correspond ainsi, en un point donné sur la surface de la Terre, l’angle formé entre la direction du pôle Nord géographique et le Nord magnétique. Cette variation qui évolue dans le temps et d’un point à un autre sur la surface de la Terre doit être intégrée dans les calculs de route.

Ainsi de nos jours, la déclinaison magnétique en France métropolitaine va de 1° Ouest (Brest) à 3° Est (Strasbourg).

Figure 4 : http://creps971.free.fr/am/cours/orientation/boussole/declinaison.htm

A titre de comparaison, nous avons pu constater grâce à la présence de lignes isogoniques sur la carte marine (courbes d’égale déclinaison), que la déclinaison est de 15° (+ 18 minutes) vers l’ouest sur la zone. Imaginez donc les erreurs de navigation que cela pourrait engendrer si ce biais n’était pas pris en compte…
Pas de panique ! aujourd’hui, les moyens de navigation modernes permettent de corrigerle Nord magnétique en Nord géographique en temps réel. Le compas de navigation (compas gyroscopique) reporte ainsi la valeur corrigée sur laquelle les opérateurs de la passerelle pourront s’appuyer pour suivre le bon Cap (Fig. 5) !

A titre de comparaison, nous avons pu constater grâce à la présence de lignes isogoniques sur la carte marine (courbes d’égale déclinaison), que la déclinaison est de 15° (+ 18 minutes) vers l’ouest sur la zone. Imaginez donc les erreurs de navigation que cela pourrait engendrer si ce biais n’était pas pris en compte…
Pas de panique ! Aujourd’hui, les moyens de navigation modernes permettent de corriger le Nord magnétique en Nord géographique en temps réel. Le compas de navigation (compas gyroscopique) reporte ainsi la valeur corrigée sur laquelle les opérateurs de la passerelle pourront s’appuyer pour suivre le bon Cap (Fig. 5) !

Figure 5 : A l’aide le compas gyroscopique, Margaux surveille le cap depuis la passerelle. Cap au 227°N !

Placé dans une boîte en bois, le Commandant nous a présenté le Sextant, pièce clé dans l’histoire de la navigation (Fig. 6) : Cet appareil mesure l’angle entre un astre et l’horizon. Par la présence de 2 miroirs, c’est un appareil dit « à réflexion ». Avant l’avènement des appareils électroniques qui indique aujourd’hui la position via des signaux satellitaires (systèmes GPS) le sextant était utilisé pour calculer la position des navires dès lors qu’ils naviguaient hors de portée des côtes, à l’aide des astres.

Figure 6 : Présentation du fonctionnement du Sextant du Marion Dufresne et de sa mécanique

Le Commandant nous a également rappelé l’importance des feux de signalisation à bord d’un navire comme le Marion Dufresne : afin de signaler aux navires présents sur zone la réalisation d’acquisitions scientifiques pendant la campagne SEZAM (sismique, carottage ou autre), le Marion Dufresne se doit obligatoirement d’indiquer que le navire est en capacité de manœuvre restreinte, en arborant sur les mâts des ponts supérieurs une signalisation lumineuse (nuit) bien spécifique, à savoir trois feux verticalement alignés rouge-blanc-rouge. Le jour une signalétique cercle-losange-cercle remplace les feux (Fig. 7).

Figure 7 : Réglementation « capacité de manoeuvre restreinte » appliquée au Marion Dufresne durant les opérations sur la campagne SEZAM.

Enfin, des commandes permettent également de gérer la communication interne/externe du navire mais également de recenser l’état du navire dans les différents compartiments du bâtiment (bloc alarme, commande des portes étanches et des portes coupe-feu). En cas d’incident ou voie d’eau par exemple, chaque compartiment peut être rapidement sécurisé et/ou isolé directement depuis la passerelle.

Figure 8 : bloc communication (gauche) et panneau de contrôle pour les portes étanches et coupe-feux (droite).

Tout un tas d’autres « trésors » ayant chacun une utilité bien précise sont soigneusement rangés en passerelle : à votre avis, à quoi correspondent les instruments de communication présentés ci-dessous ?  (la réponse sous la figure 9 !)

Les réponses : la lampe Aldis pour communiquer en morse A, la radios MF/HF B, la radio télégraphe C , le téléphone auto-générateur D

  • Le canot de sauvetage :

Nous quittons la passerelle et continuons notre tour avec la visite du canot de sauvetage : permettant d’accueillir 60 personnes, celui-ci inclut des rations de survie, ainsi qu’un système de récupération d’eau de pluie pour une autonomie de quelques jours. Nous avons ainsi pu nous rendre compte du caractère rustique de l’habitacle, où la place est très restreinte et optimisée pour accueillir un maximum de personnes (Fig. 10). Ce type d’embarcation est pilotable, elle peut évoluer à la surface grâce à un petit moteur. En complément, derrière le canot se trouve plusieurs embarcations gonflables, les radeaux (au nombre de 4) pouvant accueillir jusqu’à 25 personnes chacun (Fig. 5). Tous ces équipements sont présents, à bâbord et à tribord du navire. Comme par exemple pendant l’exercice de sécurité en début de mission, chaque embarcation (tribord-bâbord) est attribuée nominativement à chacun d’entre nous en fonction de la distribution des cabines.

Figure 10 : les embarcations de sauvetage. Canot de sauvetage pouvant accueillir 60 personnes (en haut) ; intérieur du canot de sauvetage (en bas à gauche) ; radeau de sauvetage pouvant accueillir 25 personne (en bas à droite).
Toute l’équipe de l’Université Flottante est prête en cas d’évacuation !
  • Visite pont :

La suite de la visite s’est concentrée sur le pont avant du navire. Nous avons ainsi pu découvrir l’ensemble des locaux techniques (magasins de peinture, charpenterie, etc.) ainsi que le système d’amarres du Marion Dufresne.
C’est également sur la plage avant que nous avons trouvé l’unique cloche du navire ! Initialement, celle-ci servait à signaler le mouillage du navire. Saviez-vous qu’elle est composée de la seule « corde » du navire ?

Figure 11 : Aujourd’hui c’est dimanche, Corentine, Noé et Margaux ont sonné la cloche, située sur la plage avant du navire. Dessus y est indiquée « Marion Dufresne, 1995 », l’année de mise en service du Marion)
  • Le Brion d’étrave, le point le plus bas du navire !

Le clou du spectacle en cette fin de journée, imaginez descendre 5 échelles verticales (5 niveaux) à l’avant du navire. Nous arrivons dans un espace étriqué, allongé et arrondis. Et oui, tour à tour, nous voilà dans le bulbe d’étrave, autrement dit le Brion (Fig. 12 et 13). Cette zone fortement consolidée, pouvant accueillir très peu de personnes permet même d’aller échantillonner des eaux non perturbées par le passage du navire. Dans cette pièce si particulière, rendue à ~ 6 mètres sous le niveau de la mer, nous pouvons ressentir la force de l’eau contre la coque.
Mais… au plus proche de l’eau, une question nous vient à l’esprit : quelle épaisseur de coque nous sépare de l’eau ? 1,8 cm, mais pas d’inquiétude, c’est du solide ! 

Figure 12 : l’étrave se termine en son extrémité par le brion. Sa forme de bulbe contribue à casser les vagues en pleine navigation. En cas de fort tangage, celui ci sort de l’eau.
Figure 13 : l’Université Flottante dans le Brion d’étrave, le point le plus bas accessible du navire. (crédits photo : Commandant Ginat)
  • Hangar à hélicoptère :

Et ce n’était qu’une partie du spectacle, l’aventure continue ! Le commandant nous mène à l’arrière du navire où se trouve la plateforme d’accès pour l’hélicoptère qui sert au ravitaillement des TAAF (Terres Australes Antarctiques Françaises) ainsi qu’au transport des passagers depuis le navire jusqu’aux îles. Une fois délesté de ses pales, celui-ci peut être rangé dans le hangar.

  • Pilotage des portiques et des treuils :

La visite se poursuit sur la plage arrière, dans le poste de pilotage des portiques et des treuils, aussi appelé « la cabane à frites », pour animer les manutentions lors des carottages ou encore lors de la mise à l’eau du matériel d’acquisition de géophysique (Fig. 13). En dessous de ce poste, se trouve la salle des machines hydrauliques pour les vérins des portiques arrières (latéral et arrière) ainsi que les machines de déroulements de câbles (Fig. 13). Des câbles d’acier dans lesquels s’intègrent parfois un fil conducteur, permet d’envoyer des informations depuis le navire vers l’instrument placé au fond ou dans la colonne d’eau.

Fig.13 : Poste de pilotage des portiques et des treuils (gauche) et la salle des treuils du Marion Dufresne (droite) (crédits : Hector Swertvaegher & Maud Fabre)
  • Les safrans :

Nous continuons de nous perdre dans les milles et une pièces du Marion. Les cales « océano » abritent l’appareil à gouverner (le Marion Dufresne en a deux), dispositif permettant de faire pivoter les deux safrans du navire. Un vérin rotatif fait tourner la mèche du safran de l’angle désiré ! Les dispositifs accueillant les safrans sont contrôlés par des vérins hydrauliques pour la direction du navire. Les safrans s’activent depuis la passerelle mais ceux-ci peuvent être maîtrisés manuellement grâce à l’enclenchement d’une clé en cas de défaillance avec la connexion à la passerelle. L’angle du safran (de la barre) peut être lu sur le dispositif à l’aide de la flèche dans les encadrés rouges et verts (Fig. 14).

Fig. 14 : Appareil à gouverner (dispositif de commande des safrans) (Crédits : M. Fabre et Hector Swertvaegher)
  • Les cuisines :

Notre chemin dans le labyrinthe nous mène au garde-manger puis à l’arrière de la cuisine, les aliments frais sont répartis dans 5 chambres froides (Fig. 15 & 16). Nos repas sont soigneusement préparés en musique par un chef, deux seconds ainsi que deux aides cuisiniers et les menus sont élaborés pour 10 semaines pour cette campagne. La cuisine est agencée par plats : un espace « entrées », un autre pour les « plats » et enfin un autre pour les « desserts » (Fig. 16). Nos assiettes sont ensuite envoyées à la salle à manger du navire située au pont E, par un monte plat.

Figure 15 : les réserves du sec et de frais ; fruits, magrets, les gambas du dimanche, du beurre doux… DU BEURRE DOUX ?
Figure 16: L’espace cuisine

Noé et Hector