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Traitement et production de l’eau à bord du Pourquoi Pas?

Véritable enjeu vital, la gestion de l’eau à bord est d’une importance capitale. Pouvoir approvisionner jusqu’à 70 personnes en eau douce et potable sur une longue durée (parfois 60 jours) semble tenir de l’impossible. Pourtant, un système relativement simple est mis en place afin de pouvoir produire cette eau tout en gérant les eaux usées. Laissez-nous vous amener dans les entrailles du Pourquoi Pas ?

Géré par le 3e officier mécanicien (Marc Aurélien) et l’élève polyvalent (Sacha), le système de gestion de l’eau est divisé en deux circuits : le circuit sanitaire et le circuit potable. Ces deux circuits comportent de l’eau douce. Il serait trop compliqué d’embarquer un gros container d’eau douce au port pour 60 jours, donc comment faire ?

Le navire comporte deux caisses de 160 m3 chacune d’eau douce sanitaire (non potable), et un réservoir de 20 m3 d’eau douce potable. Ces caisses sont remplies pleinement à quai, avant de repartir en mer. Ensuite, en fonctionnement « normal », entre 10 et 15 m3 d’eau douce sont utilisés par jour, soit entre 10 000 L et 15 000 L par jour ou bien entre 139 L et 208 L par jour et par personne. A titre de comparaison, la consommation moyenne d’un·e Français·e en eau douce est d’environ 147 L par jour. L’utilisation de l’eau douce à bord comprend le rinçage des aliments et l’utilisation en cuisine ainsi que le fonctionnement des fontaines pour l’eau douce potable ; les douches, les robinets, les toilettes, la climatisation, les machines à laver et surtout le nettoyage des outils et du pont pour l’eau douce sanitaire. Le nettoyage du navire et le rinçage de ce qui a pu être aspergé d’eau de mer est ce qui consomme le plus, afin d’éviter que le sel attaque les câbles des treuils ou encore différentes parties sensibles du navire.

Pour produire cette eau douce à partir d’eau de mer, il existe deux systèmes : un bouilleur, et des osmoseurs. Le bouilleur utilise l’énergie des générateurs diesels pour distiller l’eau de mer et créer de l’eau douce. Cette eau est ensuite traitée avec du chlore, des minéraux et d’autres éléments pour être rendue potable. Autre méthode : les osmoseurs. Ils puisent l’eau de mer, et forcent l’osmose. Cela veut dire qu’au moyen de nombreux filtres et membranes, et à haute pression (environ 50 bars), la séparation de l’eau et des sels dissous est forcée. De l’eau quasiment distillée est produite. Il faut donc encore la traiter avec du chlore et des minéraux (passage dans des lits de cailloux), et avec des traitements UV pour la rendre potable et utilisable. L’eau passe par des ballons (comme à la maison) pour permettre d’avoir de l’eau chaude.
Un seul osmoseur peut produire jusqu’à 20 m3 d’eau douce par jour, donc le navire est parfaitement autonome concernant sa consommation et production d’eau douce !

Voilà donc comment est produite l’eau qu’on utilise à bord, mais que devient l’eau utilisée ?

  • Tout comme pour l’eau douce, il y a deux circuits pour les eaux usées : les eaux grises (douches et robinets) et les eaux noires (toilettes). Il y a un traitement supplémentaire spécial pour les eaux grasses des cuisines et les eaux dites « contaminées » du médecin.
  • Le système des eaux noires fonctionne sous vide (-0.6 bar) et est particulièrement sensible. Il y a donc une attention particulière à ne rien mettre dedans si ce n’est le papier toilettes spécial du navire qui se dissout très bien dans l’eau. Les eaux noires arrivent dans une cuve, qui est ventilée pour oxygéner le tout et permettre à des bactéries de consommer les matières organiques. La cuve est séparée en trois compartiments, qui chacun permet de nettoyer et de purifier les eaux usées.
  • Ci-contre: vue d’une des salles dédiées au traitement de l’eau à bord du navire
  • Les eaux grises sont directement versées dans le troisième compartiment de la cuve. En sortie, l’eau est dite « propre », et satisfait les critères OMS pour pouvoir être rejetée à la mer à plus de 12 miles des côtes.
  • L’officier polyvalent est chargé tous les dimanches de faire des tests aux différents stades du système de l’eau à bord, afin de vérifier que les valeurs de l’OMS sont respectées.

A l’avenir, de nouvelles installations vont permettre de récupérer la chaleur perdue des moteurs et de l’incinérateur afin de créer de l’eau chaude.

Tifenn et Jean, au nom des étudiant.e.s de l’Université Flottante

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