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Jours 9 – 10 : acquisition et découverte d’un nouvel édifice sous-marin

Vendredi 7 juin – Samedi 8 juin

Ce vendredi 7 juin, la quatrième carotte (MD24 – 3683) a été prélevée aux alentours de midi. L’objectif était d’aller carotter les sédiments des lobes terminaux les plus superficiels (qui pourraient contenir les dépôts turbiditiques les plus récents) du Bassin Intermédiaire.
La carotte a pénétré 26 mètres de sédiments sur les 35 mètres de tube. S’en est suivi le protocole habituel (découpe, banc MSCL, ouverture, photographie et description).

Profil SBP de la carotte MD24-3683 etc. Carte bathymétrique de la zone de carottage (source : mission SEZAM 2024)

Pour pousser les analyses encore plus loin, toutes les carottes effectuées jusqu’à présent doivent passer à la spectrocolorimétrie et à la radiographie XCT. Ces deux outils, sont placés dans le conteneur MSCL, situé en plage arrière à proximité du labo Carottes.

  • La spectrocolorimétrie permet de caractériser l’intensité des couleurs des sédiments selon le spectre du visible (400 à 700 nm). Les couleurs analysées peuvent, par exemple, nous aider à retracer les tendances glaciaires/interglaciaires (car le contenu des sédiments est différent). Cet outil de mesure nécessite un capteur que l’on dispose sur les sédiments. Cependant le capteur ne peut être utilisé en parallèle des mesures MCSL. Alors que le banc MSCL ne travaille que sur section entière pour la mesure de Gamma densité, Vitesse des ondes P, Susceptibilité magnétique, une seconde configuration de l’appareil sur ½ section permet de mesurer en plus de ces trois paramètres, la colorimétrie des sédiments. Ce changement de configuration explique pourquoi la spectrocolorimétrie est effectuée à bord dans un second temps.

Photographie du banc d’analyse utilisé pour effectuer des mesures de spectrocolorimétrie © Elyna CLEMENT.

  • La radiographie XCT (X-ray Computed Tomography) est une méthode non destructive qui permet d’imager une carotte en fonction de la densité des sédiments. Grâce à cet outil, il est possible d’imager la carotte en 2D ainsi que d’acquérir des blocs 3D dans lesquels pourront être réalisés des coupes transversales ou longitudinales afin de mettre en évidence la présence éventuelle de structures internes. Dans le cadre de la mission SEZAM 2024, les carottes passent au XCT en ½ section.

½ section d’une carotte sédimentaire prête à passer à la radiographie XCT, © Elyna CLEMENT.

Parallèlement, les acquisitions et traitement des données de sismique rapide, sondeur de sédiments et de sondeur bathymétrique se poursuivent. Dans la nuit du 7 au 8 juin entre 23h30 et 00h30, le quart du 20-00h a eu la chance de vivre en direct la découverte d’un nouveau mont sous-marin ! Précédemment les cartes satellitaire GEBCO de faible résolution (500 m de résolution horizontale) annonçaient un relief aux limites approximatives, à partir d’environ 2 400 mètres de profondeur; le passage du navire sur cet édifice avec le sondeur multifaisceaux du Marion Dufresne bien plus résolu (50 m de résolution horizontale, ~10 m de résolution verticale), permet d’affiner significativement la bathymétrie de cette zone. A présent, le sommet de l’édifice atteint en son sommet 1 500 mètres de profondeur (!) ; il représente un objet de 1 300 mètres de haut, mesurant jusqu’à près de 15 km de diamètre, soit 8 MN. Comme son prédécesseur, il reste à savoir quel nom lui sera attribué…  à bord, le concours est lancé !

Profil de sismique rapide traité où figure le mont sous-marin découvert la nuit dernière (source : mission SEZAM 2024).
Comparaison des données satellitaires de basse résolution (500 m de résolution horizontale) avec les nouvelles données bathymétriques acquises sur la mission SEZAM  (source : mission SEZAM 2024).

A l’occasion des SEZAM’inaires :

Vendredi, Stéphan Jorry, chercheur à l’Ifremer/Geo-Ocean nous a présenté les fondements du projet MAYOBS, né en 2019 de la découverte du volcan sous-marin Fani Maoré, à proximité de l’île de Mayotte. Un compte rendu de sa conférence et le film associé sont disponibles ici.

Stephan Jorry durant sa conférence. Crédit photo : Maud Fabre

Samedi, c‘est Gabriel Moizhino, doctorant à l’Université de Toulouse et de Brasilia, accueilli à Ifremer/Geo-Ocean, qui nous a présenté la mission atypique AMANAUS (2023) sur le fleuve Amazone à laquelle il a participé en 2023 pour l’acquisition de nouvelles données sismiques très haute résolution (dispositif Sparker) et pour la réalisation de carottage d’interfaces. Le compte rendu est disponible ici !

A demain pour de nouvelles aventures…

Elyna CLEMENT et Margaux CLOCHON