Interview en audio (12 mn 39 sec)
Je suis Matelot de Quart, c’est-à-dire que j’effectue deux quarts dans la journée : un de 8h à 12h et un de 20h à 00h. Pendant la journée, mes quarts consistent à entretenir le navire, mettre à l’eau les engins scientifiques, vérifier les radeaux de secours et préparer les mises à l’eau ou mises à bord. Le soir, je fais la veille avec le lieutenant, ce qui signifie que je surveille les radars et les alarmes.
Il existe un deuxième poste de matelot : le Matelot de Roulante, qui travaille principalement la journée. Si la nuit, nous avons besoin de matelots supplémentaires, ils viennent renforcer les quarts de nuit.
J’ai fait trois ans de Bac pro CGEM (Conduite et Gestion des Entreprises Maritimes). J’ai également suivi toutes les formations nécessaires pour avoir le droit d’embarquer, notamment la formation CAEERS, qui est un certificat pour l’exploitation des embarcations et des radeaux de sauvetage, la lutte contre les incendies, les techniques individuelles de survie. J’ai aussi obtenu un brevet de Capitaine de 100 et de 500, ce qui offre la possibilité de commander des petits navires commerciaux.
Les autres possibilités pour devenir matelot incluent une formation de 6 mois en continu ou un CAP de deux ans.
Quelles sont les compétences nécessaires pour devenir matelot ?
Il est important de savoir nager, de pouvoir s’adapter à chaque situation, d’être un minimum débrouillard et d’avoir du sang-froid.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire ce métier ?
J’ai toujours vécu en bord de mer et ma famille et moi naviguons souvent en voilier de plaisance. À la fin du collège, le monde maritime s’est ouvert à moi et j’ai vu que c’était abordable.
As-tu des perspectives d’avenir ou d’évolution ?
J’aimerais bien devenir maître d’équipage, ou bosco. C’est un grade que l’on obtient avec l’expérience.
Quels sont les problèmes auxquels tu es confronté ?
Il peut y avoir des problèmes avec les engins qui ne se mettent pas à l’eau, comme par exemple un treuil avec un problème hydraulique, les risques d’incendie, les risques de voie d’eau, les risques d’homme à la mer, les risques de collision, et les risques de blessure du personnel. Il faut toujours être vigilant sur soi et sur ce qui se passe autour.
Vous travaillez avec des outils très chers, n’y a-t-il pas une pression par rapport à cela ?
Nous travaillons avec des outils scientifiques très chers, mais on n’y pense pas. On pense souvent aux pertes humaines, qui sont les risques les plus importants.
Quels sont les avantages de ton métier ?
Avec ce métier, on peut visiter plusieurs pays, découvrir de nombreuses personnes différentes et travailler sur des bateaux scientifiques, ce qui permet de comprendre pourquoi on travaille en mer et ce qui s’y passe.
Quels sont les inconvénients de ce métier ?
On est six mois de l’année loin de sa famille.
As-tu une anecdote à nous raconter ?
Une fois, un incendie s’est déclenché dans un laboratoire, dans la chambre froide, à cause d’un problème électrique. C’était un incendie électrique, ce qui a généré beaucoup de fumée et déclenché l’alarme. Nous avons pu maîtriser l’incendie. Une autre fois, le moteur a explosé, ce qui a dû stopper la mission.
À quoi ressemble une journée type ?
À 8h, je suis sur le pont pour une heure de ménage. À 9h, nous avons une pause, puis à 9h30, nous reprenons les manipulations de mise à l’eau et préparons les prochaines mises à l’eau ou mises à bord. Nous devons piquer la rouille, poncer et repeindre pour éviter que la rouille ne se répande. La nuit, je passe 4h en passerelle pour faire la veille avec le lieutenant, puis à la fin, j’effectue une ronde de sécurité pour m’assurer que personne n’est en danger et qu’il n’y a pas de soucis pour le reste de la nuit.
Témoignage recueilli par Claire, au nom des étudiant.e.s de l’Université Flottante