En référence à l’avis du COMETS de 2022 : Intégrer les enjeux environnementaux à la conduite de la recherche – Une responsabilité éthique, la direction de l’IUEM reconnaît que la prise en compte de l’environnement fait partie intégrante de l’éthique de la recherche – au même titre que le respect de la personne humaine ou de l’animal d’expérimentation – et affirme à ce titre la responsabilité des acteurs et actrices de la recherche de penser leur activité au regard des enjeux environnementaux.
Dans ce cadre, un cycle de conférences est organisé sur l’année 2024-2025 (avec le soutien d’ISblue). Des collègues de sciences humaines et sociales, de sciences politiques, d’épistémologie, sont invités pour nous aider à questionner notre façon de produire du savoir, nos valeurs, nos normes, faire face à certaines de nos contradictions et stimuler notre analyse réflexive.
La troisième conférence se tiendra le jeudi 6 février à 13h30, par Olivier Ragueneau : Une unis-vers-cité pour l’accroit-sens ! (Amphi A, IUEM, Plouzané).
Entre effondrement de la biodiversité et mondialisation des inégalités, changement climatique et rejets de plus en plus marqués de la démocratie, le monde est engagé sur la voie de la fermeture. La science est appelée à la rescousse par les autorités, mais c’est le plus souvent sous son angle technologique, qui vient remplacer l’absence de véritable projet politique pour nous sortir de ce « mauvais pas ». Il est pourtant plein d’autres façons à travers lesquelles la recherche pourrait contribuer à accompagner la nouvelle grande transformation (Polanyi, 1944). Problème : la recherche est elle-même devenue insoutenable, écologiquement comme socialement (Paasche et Osterblöm, 2019), en proie à l’accélération généralisée, et bien en mal d’apporter les réponses nécessaires qui nécessiteraient de prendre le temps pour aborder la complexité de nos socio-écosystèmes. La recherche de transformation doit donc s’accompagner d’une profonde transformation de la recherche elle-même.
O. Ragueneau, chercheur CNRS au LEMAR, à partir de ses expériences en tant que co-animateur de l’IR socio-écologique « Réseau des Zones Ateliers » (CNRS Ecologie et Environnement) et de l’Expé-1point5, nous montrera comment la notion de responsabilité de la recherche peut se décliner de différentes façons, entre quête de sens, accompagnement de la transformation sur les territoires et incarnation de cette transformation dans nos façons de faire recherche. Quelles en sont les implications pour l’ESR, par exemple en termes de financements, d’évaluation, voire d’objectifs ? Comment s’engager dans une telle voie, qui tend vers la slow science, dans un monde de la recherche ultra-compétitif à l’échelle internationale ? Quelles implications pour la question du travail, de façon plus générale ? Ces questions feront l’objet de réflexions et d’expérimentations, dans le cadre du PEPR TRANSFORM et nous en discuterons collectivement à l’issue de la présentation.