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Jours 1 à 5 : Appareillage et Transit

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A quai : veille de départ

En ce début de semaine du 27 mai, le Marion Dufresne nous attend, amarré au Port de l’île de La Réunion. Les préparatifs se font sentir : sur le pont l’équipage s’active à la préparation du navire et la valse des conteneurs a démarré. Les scientifiques venus des différents laboratoires franchissent la coupée les uns après les autres. Chacun prend ses quartiers et fourni au personnel de bord les documents requis à l’embarquement.

Toute l’équipe est à bord du Marion Dufresne, la campagne se met en place !

Comme toute veille de départ, nous avons assisté à la présentation du Commandant ; nous connaissons désormais les règles de vie à bord et sommes maintenant aptes à nous déplacer et travailler sur le navire pour les prochains jours en toute sécurité. Un exercice de sécurité a permis à chacun de prendre connaissance de la marche à suivre en cas d’alerte bord.

Jour 1 : L’appareillage

Aujourd’hui, mercredi 29 mai, c’est l’appareillage du navire qui marque le coup d’envoi de la mission. L’équipe est enthousiaste et attend avec impatience qu’on largue les amarres. Toute l’équipe de l’Université Flottante est sur la passerelle supérieure pour y assister. Comme en tout bon journal de bord, en voici quelques étapes :

7h00 : Largage des amarres ! Nous profitons des derniers instants pour contempler le « V » du Cirque de Mafate en arrière plan du Marion. 

7h12 : Le Marion est assisté par le remorqueur « Volcan » pour l’aider dans sa manœuvre de sortie du chenal du Port.

7h18 : Débarquement du pilote.

7h30 : Nous commençons notre route en longeant les côtes réunionnaises, cap à l’Ouest !

9h00 : Nous ne voyons déjà plus la terre, la mer est belle, et le soleil au beau fixe. Le Marion se déplace désormais à une vitesse de 9 nœuds, cap au 233°N.

Appareillage du Port de La Réunion avec le Cirque de Mafate en arrière plan
Le Marion Dufresne assisté par le remorqueur « Volcan« 
Débarquement du pilote

Margaux Clochon et Corentine Ribbe

Jours 1 – 2 : Début du transit

Transit de la Réunion à notre zone d’étude. SEZAM 2024

Cinq jours de transit sont nécessaires pour accéder aux eaux françaises des îles Eparses où nous avons l’autorisation de travailler. Chacun profite de cette période de transit pour installer le matériel associé aux acquisitions futures. C’est au PC-scientifique (pont F du MD) que se met en place d’une part le poste relatif au sondeur multifaisceaux, le poste voué à l’acquisition et au traitement sismique, le poste dédié à la cartographie-SIG (Système d’Information Géographique). Le pont inférieur (pont E du MD), accueille le laboratoire carottage « le labo carotte », où s’organise les différents ateliers qui serviront au découpage, conditionnement, analyses diverses, et photographies des carottes sédimentaires fraîchement récupérées.

Les chefs de mission Gwenaël et Marina en salle de conférence, en ont profité pour nous rappeler et nous communiquer le contexte et les objectifs scientifiques de la campagne. L’équipe s’est présentée et chacun a pu prendre connaissance de ses quarts.

Grâce à la disponibilité des opérateurs Genavir, nous profitons de cette liberté de circulation sur le pont arrière, munis de nos chaussures et casques de sécurité, pour nous imprégner des outils sismiques (canons, touret des flûtes sismiques, ateliers électro-mécanique).

Compresseur de sources sismiques
Tourets des flûtes sismiques
Le conteneur « électro-méca » des opérateurs Genavir

Margaux Clochon et Corentine Ribbe

Jour 3

Lever du soleil à 6h16, le navire suit le cap 246⁰N, la côte commence à se dessiner à tribord, nous sommes environ à 50 miles nautiques (NM) du Cap de Fort Dauphin, au Sud de Madagascar. La mer est calme, nous apercevons quelques poissons volants le long du navire. Cerise sur le gâteau, et grâce aux yeux affutés des observatrices de Mammifères marins Saskia et Virginie (Marine Mammal Observers – MMO), la première baleine à bosse a été observée aux premières heures du jour toute proche du navire.

En prévision de l’organisation des quarts à venir, c’est au tour de l’équipe en charge de la collecte et de l’analyse des carottes sédimentaires, « l’équipe Carottes », de présenter aux personnes concernées (et dont nous l’UF faisons partie) les grandes étapes de découpage-conditionnement-analyses et description d’une carotte. Cette « routine » mise en place sur de nombreuses campagnes par les équipes d’Ifremer, demande de suivre un protocole bien précis, qui demande rigueur et attention de tous.

Ici, Jérémie, le responsable Ifremer du laboratoire carotte, nous transmet le protocole de découpe et d’annotation d’une carotte lorsque celle-ci arrive sur le pont (crédit photo : Marina Rabineau)

À 14h, Thomas le médecin de bord nous a fait visiter l’« Hôpital », pièce maîtresse du bateau, située au pont D : celui-ci est équipé pour que le médecin puisse intervenir aussi bien sur les situations les plus bénignes telle qu’une simple coupure, à des situations plus graves nécessitant un respirateur ou un défibrillateur. Heureusement la majorité des visites concernent le mal de mer !
Dans un second temps, notre « Doc’ » a pris le temps de nous initier aux gestes de premiers secours (premiers reflexes à adopter, diagnostique, agissement en cas de fausse route et manœuvre de Heimlich, massage cardiaque sur mannequin, position PLS). Ce fut une formation très enrichissante, nous prenons conscience que chacun peut avoir son rôle à prendre dans une situation maritime particulière et isolée, loin de toute structure médicale classique.

Mise en situation des étudiants de l’Université Flottante et rappel de la Position Latérale de Sécurité (PLS), de l’utilisation du défibrillateur et du massage cardiaque sur mannequin.
(crédit photo : Maud Fabre)

La journée se conclut par le premier séminaire d’une longue série organisée par l’Université Flottante, les SEZAM’inaires. C’est donc Théo le Hir, doctorant en 1ère année au LOPS (Laboratoire Océanographie Physique et Spatiale) et au laboratoire Geo-Ocean, qui s’est porté volontaire pour nous parler de l’influence de ponts continentaux intermittents au cours du Cénozoïque sur le climat Sud-Ouest de l’Océan Indien. Un résumé de cette présentation est disponible ici.

Premier SEZAM’inaire organisé par l’Université Flottante, présenté par Théo Le Hir, en salle de conférence
(crédit photo : Noé Brossamain)

Enfin, pour introduire le diner, le pot du Commandant permit à tous, équipage, officiers, et scientifiques de se rencontrer et d’échanger dans une ambiance conviviale et détendue.

Cette nuit, nous continuons notre transit vers l’ouest : tous à vos horloges ! nous changeons de fuseau horaire : à 2h du matin, il sera 1h, autrement dit, d’UTC +4 nous passons à UTC +3, et au bonheur de tous, nous gagnons 1 heure de sommeil :-).

Louanne Aunis

Jour 4

En contournant le Cap Sud de Madagascar (Cap Sainte-Marie), nous rentrons progressivement dans les eaux du Canal du Mozambique. La mer se montre bien plus calme, l’air se réchauffe… Nous maintenons le Cap vers le Nord-Ouest, au 300⁰N dans l’objectif de poursuivre notre transit vers les îles Eparses, qui constituent le point d’entrée de la zone d’étude.

Des écrans déportés à plusieurs endroits dans le navire, nous permettent à tous d’avoir accès à un certain nombres d’informations de navigation en temps réel, telles que la position et les coordonnées du navire (longitude, latitude), le cap, la sonde, la direction du vent, la vitesse « surface » du navire, différent de la vitesse « fond » qui inclut les effets de courant et de dérive en plus du déplacement du navire. D’autres indicateurs, relatifs aux conditions météorologiques ambiantes, peuvent également y apparaître : la température de l’eau/l’air, la pression atmosphérique, le taux d’humidité, etc.
Nous verrons que la visibilité et le relai de telles indications pendant le déroulé de la mission est crucial pour le bon suivi des opérations durant les quarts.

Exemple d’écran déporté dans le PC-scientifique fournissant les informations de navigation du navire en temps réel (crédit photo : Louanne Aunis)

Ce matin, munis de nos équipements de sécurité, nous poursuivons la formation aux quarts « Carottes » débutée hier avec la découpe des carottes en section d’1 m et leur annotation ; Premier atelier : l’ouverture des carottes, grâce au « banc de découpe » installé pour cette mission sur la Plage arrière. Ce dernier, à l’aide d’un système de fraises très performant, ouvre longitudinalement les sections de carottes en deux. Cette machine, bien qu’impressionnante, est heureusement facile d’utilisation, mais demande à être manipulée avec prudence et attention.
La formation se poursuit avec l’étape de conditionnement des ½ sections, réalisée sur une sorte d’établi à Carottes. Les ½ sections qui y sont entreposées sont ensuite mesurées à la cote, puis délicatement « surfacées » à l’aide de spatules, afin d’en faire ressortir l’information sédimentaire. L’une des ½ sections est enfin photographiée, à l’aide d’un « labo Photo » élaboré, afin d’archiver numériquement son contenu, puis décrite au centimètre près par les sédimentologues. Il s’agit de la section « A » pour Archive. L’autre ½ section servira pour des prélèvements et/ou analyses complémentaires. Elle est nommée section « W » dite Travail.

En haut (gauche et droite), mise en place de la section de carotte dans le banc de découpe (en haut à droite). Les fraises, en se déplaçant du Top vers la Base de la section, viendront découper les flancs de la section le long du repère noir, pré-tracé, permettant de la séparer en deux parties : la section « W », dite Travail, et la section « A », dite Archive. Les sections sont ensuite surfacées, ici par Melina (en bas à gauche), puis photographiées au labo Photo (crédits photos : Louanne Aunis et Maud Fabre).

Sur cette campagne, les carottes seront également soumises à une batterie d’analyses, à travers des outils spécifiques tels que la Radiographie (rayons X), ou encore le Banc MSCL de l’Ifremer (Multi Sensor Core Logger). Ce dernier est un appareil de mesure non-destructif permettant d’apporter des informations complémentaires sur les propriétés physiques des sédiments, telles que : la susceptibilité magnétique, la densité, la vitesse du son, la spectrocolorimétrie, etc.

Pas de panique, nous vous préparons dans ce blog un poster sur le cheminement d’une carotte sédimentaire depuis sa collecte jusqu’à son stockage en Frigo, rendant compte des différentes étapes de traitement nécessaires.

Exercice Incendie pour 2 d’entre nous :

Le Commandant propose de nous mettre en situation dans le cas de plusieurs exercices au cours de notre séjour sur le navire pour découvrir et mieux comprendre son fonctionnement.
Cet après-midi, c’est pour un exercice incendie 🔥 que Noé et Melina de l’Université Flottante ont été réquisitionnés. 15H06 l’alarme retentie ! Un feu aurait été découvert dans la salle du propulseur avant. Une équipe d’intervention se met en place rapidement pour tenter de maîtriser l’incident.
Voici les premiers témoignages pris « à chaud », de nos deux acolytes, visiblement très heureux d’avoir été choisis pour assister à l’évènement :

« Le timing est primordial dans ce genre d’exercice » – Noé.
« Les équipes évoluent dans un environnement dépourvu de lumière et difficile d’accès » – Melina.

Exercice incendie pour Melina et Noe au local propulseur avant (crédit photo : Melina Boulic)

Pour finir cette journée, c’est notre cheffe de mission Marina Rabineau qui s’est prêtée au jeu des SEZAM’inaires en nous présentant son Etude sur l’arrivée de la Faune et de la Flore d’origine africaine sur Madagascar : une explication géologique. Une communication très intéressante, mettant en avant l’importance de la pluridisciplinarité dans les sciences. Le résumé de sa présentation est disponible ici.

Restez connectés, l’aventure ne fait que commencer et il parait que le meilleur est à venir !
A demain !

Louanne Aunis