1-3 Mai 2022 | Au large de Durban, Afrique du Sud
Eugénie Dufour, Alycia Valvandrin et Salomé Pellé
Après l’échantillonnage des 13 stations du « Leg 1 », nous sommes partis en direction de Durban. A l’origine, cette étape était prévue en dernier, mais elle a été avancée afin de permettre le débarquement d’un membre de l’équipe scientifique et récupérer du matériel. Ce deuxième « Leg », initialement prévu pour être le troisième, a pour but d’étudier le tourbillon de Durban : de nombreux scientifiques nous ont parlé pendant leurs conférences de l’importance de cette zone d’étude qui est encore mal décrite et modélisée (entre autres, la conférence de Steven Herbette et celle de Gustav Rauntenbach et Nasreen Burgher qui sera bientôt publiée sur le blog).
Le transit de 2 jours vers cette nouvelle zone d’étude permet à l’équipe scientifique de se reposer et d’avancer sur l’analyse des premières données. Pour autant, tout est loin d’être à l’arrêt et des mesures en semi-continu se poursuivent tel que le CO2 et l’O2 de surface, les nutriments et la chlorophylle totale.
D’un autre côté, l’équipe des mammifères marins sont aux aguets, la mer étant plus calme que les jours précédents, ce qui facilite les observations. Plusieurs souffles ont été aperçus au loin et ENFIN notre première baleine a fait une apparition furtive tout près du bateau ! Selon les experts, il s’agirait d’une baleine à bec de Cuvier, une espèce réputée pour être discrète et difficile à observer. Cette observation confirme donc sa présence dans cette zone.
Peter Ryan et Lorien Pichegru, de l’équipe des oiseaux marins, profitent de l’absence de station pour collecter des données sur les espèces présentes le long de notre trajet tout en comptabilisant les macro-plastiques. Quatre moineaux semblent s’être égarés et avoir adopté le Marion Dufresne, probablement lorsque nous nous sommes approchés des îles Éparses.
Pour notre plus grand plaisir, une vingtaine de grands dauphins sont venus à l’étrave et ont accompagné le bateau pendant quelques minutes en profitant de sa poussée.
Le soir, le planteur de Danny (barman) fait fureur. L’introspection est le maître mot de la mission, le périple favorisant le voyage intérieur. Une chaise, sur le pont, a été définie comme la « chaise des confessions », et permet de découvrir d’une nouvelle manière les différentes personnalités du groupe.
Les rendez-vous scientifiques de 16h persistent. Ainsi, Gustav Rautenbach, doctorant en océanographie physique, nous a présenté le cycle de vie du tourbillon de Durban. De même, Nasreen Burgher, stagiaire de l’équipe de physique, nous a parlé des processus de turbulence associés au courant d’Agulhas et de leurs signatures en termes de production primaire. La dernière présentation en date est celle d’Angelee Pavanee Annasawmy, cette fois ci au sujet du micronecton (on appelle necton les organismes capables de se déplacer activement dans l’eau, tels les poissons) dans le sud de l’océan Indien, étudié par l’acoustique et l’utilisation du chalut mésopélagique (chalut qui échantillonne les écosystèmes typiquement situés entre 200 et 1000 m de profondeur) .
Après une présentation du Wirewalker le 2 mai, celui-ci a été déployé dans les eaux côtières de Durban le lendemain matin. Ce mouillage dynamique utilise l’énergie de la houle pour se déplacer entre 0 et 300 m de profondeur. Il permet ainsi de mesurer des paramètres de la colonne d’eau tels que la salinité, la température et la chlorophylle et les données sont trasmises en temps réel par satellite. Cet instrument, développé au LOPS et le premier de ce type déployé par un laboratoire français, sera récupéré dans douze jours.
Des difficultés se sont révélées lors de la mise en place, à cause de forts courants et d’un lest trop léger. Les membres de l’équipage et les chercheurs ont néanmoins su faire preuve de persévérance et d’adaptation pour trouver des solutions. Il restera à découvrir si ces efforts auront bien permis l’obtention des données attendues, après la lutte acharnée de Olivier Menage et ses coéquipiers sur le bateau annexe utilisé pour fixer entre elles les bouées retenant l’instrument malmené par les vagues.
Le Leg se déroulera dans une région proche du mouillage, et la côte restera visible pour nos yeux d’apprentis marins. Les manipulations du Wirewalker ne nécessitant pour l’instant pas particulièrement d’assistance de la part des étudiant.e.s, ceux-ci se plaisent alors à observer la mer et faire bronzette, même si les températures se montrent moins clémentes, 22°C étant désormais insupportable pour les corps Bretons maintenant adaptés aux températures tropicales ! Ce repos ne sera que de courte durée car 7 stations lors d’une journée nous attendent dans les prochains jours, la suite au prochain blog…